Les cinq sous de Lavarède 1938 Maurice Cammange Fernandel Josette Day Marcel Vallée
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Fernandel

4ème partie

Le mystère de la femme cachée

 

La mode est venue d'outre-Atlantique : les stars américaines ont appris aux spectateurs du monde entier que l'on ne pouvait décemment être tout en haut du fronton des cinémas sans multiplier les excentricités, dépenser des fortunes, vivre dans des palais et abonder en caprices.
A cet égard, les vedettes françaises se sont montrées plus raisonnables, à commencer par Fernandel, homme simple de goûts comme de manières. Ses plats préférés? La bouillabaisse au safran et la soupe de poisson. Collectionneur, il rassemble les éditions originales des œuvres de Molière parce qu'il rêve de jouer Molière un jour (quelques années plus tard, Bernard Blier entamera la même collection). Mais, lecteur, il se délasse avec les aventures du Saint de Leslie Charteris, même si son auteur préféré est Marcel Pagnol.
On lui demande quel estl, selon lui, l'événement le plus important du siècle. Il répond sans la moindre hésitation : « Pardine, la naissance de mes trois enfants! »
L'acteur adulé qu'il est ne se perd pas dans la contemplation de son propre nombril et sait aussi être groupie : il admire ainsi Irène Dunne et Gary Cooper et il tire son chapeau devant Raimu qui aura bien souvent été son partenaire, comme dans La Fille du puisatier ou Les Gaietés de l'escadron.
Pour lui, avant la télévision, le téléphone, la Sécurité sociale, la conquête de l'espace ou l'ouvre-boîtes électrique, une invention, et une seule, justifie notre civilisation : « Les moulinets pour les cannes à pêche. »
Il dit cela le plus sérieusement du monde. Car Fernandel est un « fondu » de pêche.
Dès qu'il le peut, il s'échappe à L'Oustau de la Mar (la « Maison de la Mer »), une belle petite maison claire et sans ostentation qui domine le paisible port de pêche de Carry-le-Rouet où est ancré son bateau, le Caméra. « Les plus belles heures que je passe, c'est entre le ciel et l'eau, dans ce silence peuplé du murmure des flots, confie-t-il. Si je n'avais pas été vedette de cinéma, j'aurais été marin... Je n'étais pas fait pour tant de bruit. Il y a des moments où l'on se demande si l'on mérite tout ce tam-tam... Je pense à ceux qui ont du talent et qui ne sortiront pas de la médiocrité. C'est souvent injuste, la vie... Au fond, vous voyez, il faut peu de choses pour rendre un homme heureux. Une belle pêche, une bonne bouillabaisse en famille... La seule chose, c'est qu'il y a des lendemains. Il faut toujours y penser et on ne sait jamais le temps qu'il fera. »
Comme Cadet Rousselle, Fernandel a trois maisons : Les Mille Roses, à Marseille («J'ai offert Les Mille Roses à ma femme pour nos dix ans de mariage. Depuis, je fais sans cesse des aménagements ») ; L'Oustau de la Mar, à Carry-leRouet; et son « cinq-pièces-tout-confort », à Paris. « C'est vrai, reconnaît-il, je gagne beaucoup d'argent. Mais je l'emploie sagement. Je pense à mes enfants. Je fais des économies pour eux. Vous comprenez, la terre ou la pierre ne se déprécient jamais. » Les gens heureux, dit-on, n'ont pas d'histoire. C'est le cas de Fernandel. Et il s'en excuserait presque... « Les journalistes prétendent que les artistes sont frivoles et volages. C'est peut-être vrai. Dans ce cas, je suis l'exception qui confirme la règle. » Car jusqu'à sa mort, en 1971, il ne va connaître qu'un seul amour, celui qu'il voue à son épouse, Henriette, née d'un couple de commerçants de la rue des Trois-Mages, à Marseille. Pendant quarante-six ans, ils vont mener une existence sans la moindre aspérité.
Un jour, cependant, un hebdomadaire annonce un reportage exclusif sur "la femme cachée de Fernandel". Et tous de s'émouvoir dans l'entourage du couple Contandin. Fausse alerte! En réalité, cette pseudo « femme cachée » n'est autre que... l'épouse légitime mais fort discrète de l'acteur, photographiée à son insu tandis qu'elle faisait des courses. ■